Le Valgaudemar, parmi toutes les vallées qui pénètrent le massif des Ecrins, reste un endroit toujours un peu secret pour les grimpeurs, ici, comme «presque» partout dans le massif, avant de grimper il faut marcher. 2000m depuis la vallée jusqu’aux sommets c’est la norme, avec au milieu, mais pas de partout, les refuges. Nous restons donc loin des grands centres de l’alpinisme médiatique, mais depuis toujours, enfin depuis un siècle et demi d’alpinisme, après les pionniers «Coolidge, Pendlebury et autres Duhamel», chaque décennie a vu naitre des itinéraires nouveaux, l’esprit de découverte, avec ses risques mais son absolue nécessité, reste ici vivace et c’est tant mieux!
Les alpinistes locaux de l’époque, la plupart du temps des guides au départ, mais ensuite des amateurs «éclairés», dont je voudrais citer les noms, ont été les «ouvreurs» de ces voies nouvelles. Marcel Vincent, Pierre Catelan, Guy Demenge, Bruno Vacheron, Bernard Botta, Norbert Vincent, Pierre Biju-Duval, Joël Vincent, Rolland Marie, Jean-Claude Armand, Jean-Michel Cambon, Rémy Karle… Ceux-là ont initiés l’ouverture de plusieurs itinéraires, mais bien d’autres ont inscrits aussi leurs marques, certains sont, malgré des recherches, restés anonymes, à tous merci d’être venus là, créer de nouvelles choses.
Tous ces alpinistes et tous ceux qui ont suivis, ou suivront nos traces, savent ou ont su, ce qu’ils recherchaient dans cette nature verticale, a travers l’effort physique, la fusion avec le rocher, la performance peut-être, l’amitié certainement, à coup sûr une forme aboutie de la beauté! Oui la beauté est là-haut, et peut-être plus belle qu’ailleurs…